Il y avait récemment un beau poste à pourvoir pour un(e) traducteur(trice)-rédacteur(trice) dans le service de communication de la Présidence de la République. En plus d’un profil BAC + 2, le savoir-faire majeur requis pour ce poste, chargé d’assurer des traductions de français vers l’anglais et de l’anglais vers le français, était « anglais bilingue ». Ce qui mérite quelques commentaires.
Je laisse de côté la définition du mot « bilingue », terme nettement plus complexe qu’un CV ou les profils sur une réseau comme LinkedIn peuvent suggérer. Ce que je trouve plus grave dans ce descriptif de poste est l’implication qu’il suffit d’être bilingue pour être traducteur, et aussi qu’une même personne peut évidemment faire la traduction entre ces deux langues dans les deux sens.
Bien entendu, pour être traducteur professionnel il faut avoir tout au moins des solides compétences dans une deuxième langue. Mais un traducteur est avant tout un écrivain. Il faut savoir écrire de façon impeccable dans la langue vers laquelle on traduit, et c’est la raison pour laquelle tout traducteur professionnel traduit uniquement vers sa langue maternelle. Car seuls les gens qui écrivent dans leur langue maternelle peuvent comprendre un concept ou un message dans une autre langue et maîtriser les subtilités nécessaires pour ensuite le communiquer sans fautes dans leur propre langue.
Il est à regretter que lors de l’élaboration de ce poste, le service de communication de la Présidence de la République n’avait pas consulté au préalable la Société Française des Traducteurs (SFT), que je cite :
« Si vous voulez donner une image internationale, l’approximation est interdite. Sachez que dans de nombreuses cultures, les gens n’apprécient guère que l’on déforme leur langue. Faites appel à un traducteur dont la langue maternelle correspond à la langue d’arrivée désirée. Il en maîtrise les subtilités culturelles et linguistiques et ne faillira pas aux règles typographiques. L’accumulation de coquilles devient vite un repoussoir pour un lecteur étranger ! »
On comprend alors mieux comment François Hollande ait pu terminer une lettre à Obama avec « Friendly ». C’est aussi le même président américain qui a vu son prénom écorché (« Barak ») dans une missive de Nicolas Sarkozy pour fêter son élection. N’oubliez jamais que la qualité de communication reflète l’image de votre marque. Accepteriez-vous de telles fautes dans vos communications en français ?